L'ours blanc nous narrait son expérience et sa philosophie sur le forum bulle-immobilière.org . Il nous a quitté le 10 février 2007.

C'est pour lui rendre hommage que j'ai retranscrit ici ces contributions les plus intéressantes.


Gold

Zone euro : un relèvement des taux est imminent (Les Echos, 18/11/2005)



« Question, la dette "France" est à taux variable ou fixe ? »


Les deux mon capitaine !
"Ils" utilisent tous les instruments. Techniquement, ils sont même assez doués.
Il est vrai qu'ils y ont intérêt, s'ils veulent que la fiesta dure encore quelques années.
Si les taux montent est ce que notre service de la dette en sera affecté ?
La réponse est oui, avec un peu d'inertie ; car ce que fait l'état emprunteur est une permanente cavalerie :
L'état (et les autres organisme publics) place, par l'intermédiaire d'organismes ad hoc (l'assurance vie est un bon véhicule pour le marché intérieur) des obligations, de durées et de formes techniques très diverses, et sur ce point, les gens qui en sont chargés font remarquablement bien leur travail.
Les dites obligations, lorsqu'elles arrivent à échéance, car il n'est évidemment pas question de rembourser mais d'emprunter toujours plus, sont remboursées à leur(s) détenteur(s) par des fonds obtenus à l'aide d'émission(s) de nouvelles obligations souscrites par d'autres ou par les mêmes d'ailleurs, puisque le capital, je l'ai déjà dit, tout le monde s'en fout.
Les nouvelles obligations sont soucrites au taux du jour de l'émission.
Si les taux montent, l'état remboursera, par exemple, des obligations souscrites à 3,5 % avec de l'argent obtenu par de nouvelles obligations souscrites à 4,25 %. Si les titres sont à taux fixe on a une inertie durant la vie de l'obligation, mais sur la masse de l'endettement, on peut dire que celui-ci, à l'inertie près, est à taux variable.
C'est d'ailleurs plus compliqué que cela, les obligations peuvent s'acheter et se vendre en cours de vie, leur prix varie à chacun instant en fonction des taux (et en sens inverse de ceux-ci) ; et l'état ajuste en permanence son portefeuille d'endettement en fonction de tous ces paramètres; et ses petites mains font ça bien.
Si ce que vous espériez est, "on est endetté à bas taux, la hausse ne nous touchera pas, pas tout de suite", c'est une erreur.
Car en ce moment même, l'état doit rendre de l'argent, et beaucoup, à des gens qui l'ont prêté il y a quelque temps, et pour cela il doit emprunter, et ça, c'est aux nouveaux taux qui montent qu'il le fait.
Et chaque jour cette énorme machine fonctionne en permanence, et brasse des montants impressionnants.
Les dettes publiques sont donc, extrêmement sensibles aux taux.
Je pense ne pas m'être trop trompé de question, traitée rapidement donc superficiellement bien sûr ; enfin, j'espère.
Cordialement.

« Effectivement, JC Trichet semble maintenant nuancer ses propos sur une hausse en série des taux. Cela semble vraiment étrange ces mouvements divergents ... »


Le véritable rôle public d'un banquier central est de faire régner le doute.
Greesnpan y excellait, et un jour il a même déclaré à des journalistes : "Si vous avez compris ce que j'ai dit, c'est que je me suis mal exprimé"
Depuis, il m'est sympathique, le bonhomme, très pragmatique au demeurant ; certes il a un peu trop arrosé l'incendie boursier de 2000, il a éteint l'incendie mais depuis il y a de l'eau partout, même que c'est pour ça qu'on est ici. Mais il est responsable le gars, et l'eau il est à genou, avec la serpillière, et il la ramasse maintenant.
Donc Trichet :
Soit Trichet veut vraiment dire, on va passer à 2,25 et après on arrête, et là c'est un très mauvais banquier central.
Soit, et ça j'y crois, il est soumis à de très fortes pressions politiques et il raconte un peu partout "je vous jure je le referais plus", rien que pour calmer, mais après il fera ce qu'il veut. Non, mais !
Et comme j'ai pas la prétention d'être le seul à me douter de la duperie, et bien, du théâtre comme d'hab.
Cordialement.

« Vous savez quoi ? C'est clair : personne ne gouverne le bateau. Tout le monde est pieds et mains liées. Ca ne présage rien de bon mais alors vraiment pas. »


Je viens de prendre ma calculette :
Vous savez combien il faut qu'il emprunte l'état pour donner à tous ceux qui crient ?
Je parle de l'emprunt net, pas de ce qu'il doit emprunter en plus pour rembourser les trucs qui arrivent à échéance.
Non en net : et bien ça nous fera dans les 1500 euros par seconde ; oui, oui vous avez bien lu, par seconde, et ça 24h/24, 365 jours par an. Enfin un tantinet tantinet moins, soyez chics, chipotez pas.
Un isberg ? Quel isberg ?
Tant que le piano est joli sur le pont supérieur.... Mais au final le piano y tombe aussi à l'eau, un peu plus tard mais aussi. Et ça ils le savent ; c'est même pour ça qu'ils ont une petite mine, vous aviez remarqué, j'espère.....
Cordialement.

« Pour la Suisse c'est un peu pareil.
Mais franchement, la baisse des taux EN FRANCE c'est (pas de façon directe) a cause de l'euro. Si la France n'etait pas pressée d'adopter l'euro on etait probablement toujours avec une inflation forte et des taux plus hauts. Maintenant que l'inflation est plus basse et que les taux sont "historiquement bas", les gens pensent que c'est père noël qui est arrivée et commencent a disjoncter.
Exactement le même chose se passe en Roumanie. La volonté de rejoindre l'UE, et d'entrer dans Euroland après c'est un des seul choses qui met un peu de calme, après des longs années avec inflation moyenne de 50% / an (et taux d'intérêt a oublier complètement). »


La Suisse a toujours eu des taux bas ; même durant les années 70-80. Une politique économique et monétaire censée, sans démagogie, qui a considérablement enrichie la population suisse.
La Suède, c'est autre chose, un carrousel d'inflation, de dévaluations et de taux élevés semblable au français même si pour des raisons un peu différentes.
D'ailleurs la parité SEK/FF a été pratiquement inchangé durant 20 ans 1972-1992, 1 Couronne pour 1 Franc c'est dire que les dévaluation battaient l'amble. Puis en 1992 la Couronne dévissa de 30 % (!!), avec des taux au jour le jour de... 500 % (!!), et les Suédois perdirent de leur superbe et la suite j'en ai un peu déjà parlé ici.
Puis ces mêmes Suédois réussirent à obtenir une inflation nulle et des taux actuellement à 1,5 %.
Ce qui veut dire que l'Euro n'est pas un instrument nécessaire pour y arriver.
Mais bien sûr, l'Euro c'est très pratique pour mener une politique économique et budgétaire cinglée tout en gardant une monnaie stable et des taux bas sur le dos de la discipline des autres. Combien de temps ces autres le toléreront, et quelle forme cette intolérance prendra si elle devait advenir, je l'ignore. C'est d'ailleurs un exercice intellectuel amusant : expulsion des mauvais élèves par les bons, "diplomatiquement " difficile on va pas envoyer l'armée tout de même, explosion de l'Euro en plein vol, pas invraisemblable même si pas d'actualité, sortie des meilleurs en abandonnant les cancres à l'intérieur d'une monnaie devenue de singe, à terme, sans doute ça. Sauf si l'Italie, l'Allemagne, et surtout la France font l'effort d'abandonner leur(s) ringardise(s). Je ne vois rien dans l'actualité qui permette d'étayer cette hypothèse, aujourd'hui hautement audacieuse.
Ce qui est sûr, c'est que sans l'euro un Franc suisse se paierait aujourd'hui plus de dix Francs français au lieu de 0,65 ¤ soit l'équivalent 4,24 FF. Et que nous aurions beaucoup de chômeurs quoique pas exactement les mêmes, et, peut être déjà, pas tout à fait les mêmes produits dans les magasins.
Cordialement.