« "LE GRAND GAGNANT : L'ETAT"
Pourtant, "les grands gagnants de la hausse des profits des entreprises, ce ne sont pas les actionnaires mais l'Etat, via l'impôt sur les bénéfices, et l'entreprise elle-même, pour la partie de la valeur ajoutée qu'elle conserve sous la forme de bénéfices, pour racheter ses propres actions ou investir", assure M. Vieille. »
1) Pour un actionnaire particulier, avec un portefeuille standard, ses revenus seront inférieurs en moyenne à ce qu'ils étaient en 2004, compte tenue de la fiscalité (refus de rembourser la créance de l'avoir fiscal, augmentation de la CSG..). Quelle autre catégorie sociale accepterait une baisse autoritaire de ses revenus sans manifester et bloquer violemment les rues ?
2) Il faut savoir : si l'on veut garder quelques actionnaires en France et que le "patriotisme économique" ne soit pas que des mots creux, il faut cesser de les massacrer fiscalement et de les stigmatiser.
3) Ce n'est pas (heureusement à voir les résultats calamiteux de sa gestion) le Monde qui décide de l'affectation des résultats des entreprises françaises mais leurs légitimes propriétaires, c'est à dire leurs actionnaires ; ce sont d'ailleurs, in fine, eux, et seulement eux, qui investissent et prennent les risques. Il n'est d'ailleurs nullement interdit à quiconque de devenir actionnaire, c'est très facile même, mais voilà, c'est risqué ! Enfin, à part quelques cas particuliers (dont Arcelor et France Telecom, pour les raisons que chacun comprend) les actionnaires ne sont pas "favorisés" par rapport aux investissements. Et comme les investissements appartiennent aux actionnaires, au fond, je ne vois pas où est le débat.
4) Ne le prenez pas mal, mais ce n'est pas en lisant "Le Monde" que vous deviendrez intelligent. Au contraire ! Le but caché du Monde est, sous couvert d'une image de marque intellectuelle noble, héritée de son histoire, mais qui ne correspond plus à la réalité, de brouiller les esprits au profit d'amitiés politiques dont ils ne se cachent même plus, d'ailleurs.
Ce qu'aurait dû dire le Monde est que :
a) L'abandon du remboursement de l'avoir fiscal a été, très partiellement d'ailleurs, compensé par la fin du précompte, ce qui a permis et conduit les entreprises à augmenter leurs dividendes, mais que pour un actionnaire particulier l'opération est déficitaire ou neutre et que seul l'état a gagné dans cette affaire ; l'état et les très très gros actionnaires pour être honnêtement exhaustif, pour des raisons techniques que je ne développerai pas, faute de temps.
b) Ce sont les actionnaires qui investissent ! Les remarques comptables du Monde ne sont donc pas fondées, et n'ont, à bien y regarder, aucun sens. Il n'est nullement interdit à quiconque d'investir, soit en se portant acquéreur de titres, soit directement dans un projet personnel. Si peu le fait, il conviendrait de s'interroger sur le pourquoi et les VRAIES raisons ! La musique implicite du Monde veut dire que d'autres que les actionnaires devraient décider du sort réservé à l'argent des actionnaires ! En ne voyant même pas que ce genre de discours est de nature à décourager les investissements futurs, et donc à appauvrir notre pays. À moins que ce ne soit cette misère à venir qui ne soit recherchée pour elle-même.....
Brouiller les esprits, diffuser des idées sottes [sus aus actionnaires, mais investissez dans la pierre, profitez des taux bas !(la pierre est un actif mort !)], encourager la misère future, je laisse à chacun le soin de deviner pour quelles raisons, tout ça.....
Bien cordialement,
Pajala
« Je n'ai pas fait la même lecture que vous de cet article
Que ce soit le Monde, ou un autre média de masse à connotation plus ou moins intellectuelle... :lol: la multiplication des messages en faveur de la bourse commence à bien prendre corps dans l'esprit du petit investisseur moutonnier, qui jusqu'à présent ne jurait que par la pierre physique et inerte
Mais, amha, quand les entreprises cherchent "artificiellement" à attirer et à retenir des investisseurs juste cupides alors qu'une chappe de béton est en train de se figer - manque de visibilité à MT, patriotisme, gains de productivité de plus en plus aléatoires, recul des investissements à LT etc.. - le revers risque là aussi d'être sérieux. »
Votre lecture est intéressante. Ce n'est pas, je crois, celle que cherchait "Le Monde".....
Si l'on cherche à attirer et retenir les investisseurs, c'est qu'on en a besoin. La méthode, pour attirer l'épargnant n'est nullement artificielle et toujours la même : lui promettre un rendement appréciable.
Si je comprends bien ce que vous voulez dire, les entreprises seraient bien avisées de réinvestir une part plus grande de leurs bénéfices plutôt que de distribuer du cash (sous forme de dividendes ou de rachats d'actions) à leurs actionnaires. Fort bien, mais croyez-vous qu'ils n'y a pas d'investisseurs qui se soucient, eux aussi, de ça ? Et qui arbitrent en conséquence ? Combien de valeurs de croissance qui distribuent presque rien (ce qui, au passage, pose problème pour payer.. l'impôt !) et sont correctement, très correctement même, valorisées ?
Et puis, une part non négligeable des dividendes est réinvestie (ce qui donne la liberté d'investir dans une société B avec les dividendes de A), c'est même un argument pour la sur-taxation des dits dividendes : les actionnaires ne vont pas consommer leur revenus (sous entendu ce qui est "bien") mais les réinvestir ! Faudrait savoir !!!
Et puis, en attendant, les dividendes qui sont les revenus de certains, leur servent, aussi, à vivre (à payer le loyer...). Le long terme, c'est bien, et croyez que je ne suis pas le dernier à m'en préoccuper, mais comme disait Keynes, qui n'est pas particulièrement ma tasse de thé, enfin, surtout ses exégètes, "à long terme, nous sommes tous morts".
Les grandes entreprises, qui soignent leurs actionnaires, investissent, croyez-moi. Total le premier, qui ne néglige pas la recherche dans les énergies du futur, entre autres.
On pourrait investir plus et mieux ? Sans doute. Privilégier l'épargne, préparation et prévoyance de l'avenir à notre consommation effrénée ? Sans doute aussi ! Je n'y suis guère, intellectuellement, défavorable.
Maintenant, quand on commence à parler bourse dans la queue chez mon poissonnier, je commence, moi, à me méfier.... Tout comme quand on commençait à y parler placements immobiliers...
Ça sent la tonte de mouton alors. Après la tonte immobilière, je me demande où ils vont bien pouvoir trouver de la laine... Ah, ils sont forts..
Bien cordialement,
Pajala