L'ours blanc nous narrait son expérience et sa philosophie sur le forum bulle-immobilière.org . Il nous a quitté le 10 février 2007.

C'est pour lui rendre hommage que j'ai retranscrit ici ces contributions les plus intéressantes.


Gold

Le Maire de Paris écrit aux propriétaires de logements vacants pour les inciter à renouer avec la location (28/10/2005)

Le propriétaire qui ne loue pas paie déjà, la taxe foncière, la taxe d'habitation si son logement est un pied à terre (juridiquement s'il est meublé au 1er janvier), la taxe d'inhabitation si le logement n'est pas meublé ; il paie en outre les charges de copropriété avec leur TVA, que lui demander de plus ?
Certains voudraient frapper plus fort encore, au niveau où nous en sommes déjà (et qui est la VÉRITABLE raison des problèmes) cela revient à réquisitionner purement et simplement.
Alors, en France, nous arrivons au point où il va falloir choisir sans hypocrisie :
Ou bien le droit de propriété est aboli et l'on se retrouvera vite dans la situation que l'on a connue en d'autres lieux et dans un temps pas si éloigné, à partager à cinq familles la même cuisine et la même douche sordides, les clochards étant, eux, ramassés et envoyés en camp.
Ou bien on conserve le droit de propriété qui signifie que le propriétaire peut faire ce qu'il veut de son bien, usus et abusus comme disait les Romains dont est issu notre droit.
Le simple fait de s'interroger sur le pourquoi les propriétaires ne louent pas est symptomatique ! Et pourquoi toutes ces voitures en stationnement, qui ne roulent pas, donc, comme c'est leur fonction, alors que moi je n'ai pas de voiture et dois aller à pieds ? Je laisse aux lecteurs le soin de compléter la liste...
Le propriétaire ne loue pas parce qu'il n'a pas envie de louer, quelque chose qui lui appartient et qu'il a payé, point barre. "S'interroger" là dessus est délirant, délirant car il n'y a certainement pas deux réponses identiques ; certains ont "peur" de la location, d'autres sont en attente de projets aussi divers qu'ils y a de personnes, certains sont négligents, pas mal doivent avoir des pieds à terre, plus cher qu'aller à l'hôtel peut être mais c'est leur affaire et c'est leur argent qu'ils gaspillent alors, pas le mien ni le vôtre.
Le marché de la location était florissant, je suis assez âgé pour m'en souvenir, dans les années 70. Et surtout il était bigrement diversifié, on en trouvait pour toutes les bourses et sans remplir des tonnes de paperasses ! Ah, certes, ce n'était pas toujours le grand luxe et la chaumière avait parfois les toilettes sur le palier, mais quand on a un coeur... Et les garanties des locataires étaient plutôt étiques, mais tant qu'on payait le loyer, ça allait. Puis sont venues les normes, les garanties, les lois, etc..... Très bien pour les locataires en place, ça, mais pour les futurs entrants, par contre....
Trente ans après nous en sommes là où nous en sommes, et j'imagine aisément que la lecture des certains posts précédents aura un effet dissuasif sur l'éventuel propriétaire bailleur qui se verra confirmé dans ses craintes.
Si nous continuons à nous tromper d'ennemis, des appartements à louer dans le secteur privé il n'y en aura bientôt plus du tout.

"Augmenter fortement les taxes d'habitations de ces pieds a terre parisien, et leur propriétaires VENDRONT"


Et si par hasard ils louent, ce sont les locataires qui paieront des taxes d'habitation pharaoniques !
Parce que je n'imagine pas un seul instant que l'on fasse des taxes d'habitation à la tête du client, tout de même ; ça c'est la fin de l'état de droit.
Ceux qui vendront, de rage, chercheront à récupérer, au moins en partie, ces taxes, ils vendront encore plus cher.... Ou récupéreront l'argent ailleurs.
Il n'y a aucune solution dans cette voie, au contraire on n'y sème que des problèmes.

" Je disais en bref qu’une taxe qui bénéficie à la collectivité est à mes yeux d’utilité publique et que l’abbé Pierre n’avait pas l’air de croire que la situation du logement était meilleure il y a trente ans, lorsque l’arsenal juridique actuel n’existait pas. "

Et bien, justement !!!
L'Abbé Pierre a commencé sa croisade en 1954, le fameux "hiver 54".
Depuis les taxes ont été, au moins, décuplées et la réglementation alourdie dans des proportions énormes.
Si ces remèdes étaient bons, la "maladie", le mal-logement aurait du largement n'être plus qu'un souvenir. Or il semble que ces difficultés s'accroissent même si elles ont, un peu, changé de nature.
Lorsque je vais chez un médecin et que ma maladie ne régresse pas, si je retourne chez ce même médecin et qu'il augmente le même traitement et que ma maladie s'aggrave encore, je finis par changer de médecin et de traitement. Pas vous ?

"La notion de propriété a varié selon les époques et les civilisations. Il y a une définition de la propriété qui me plait assez, et qui était en cours dans je ne sais plus quelle civilisation (peut -être les USA au moment du far-west) : le propriétaire d'un terrain est celui qui mets en valeur ce terrain. "


Je veux bien que l'on change les règles du jeu (quoique....) en changeant d'époque et de civilisation, mais la cohérence impose qu'à un moment donné les règles soient les mêmes partout.
Outre que l'exemple que vous donnez était celui de premier occupant, ou premier exploitant (après avoir massacré les indiens, tout de même...), l'idée de la propriété liée à la mise en valeur conduirait à ce que le pétrole appartienne aux compagnies qui l'ont mis en valeur et non à ceux qui étaient assis dessus depuis des siècles, que les vaccins appartiennent aux équipes qui les ont découverts et mis au point et non aux malades qui les attendent, etc, etc.
Ces questions, qui sont des questions philosophiques, sont débattues depuis des lustres ; ceux qui avancent une certaine "conception" de la propriété ont bien souvent une idée derrière la tête, voilà la propriété qui m'arrangerait, moi, en ce moment ; bref la propriété à géométrie variable, je n'y crois pas et c'est une jolie source de conflits, voire de guerre et à tout le moins d'instabilité.
La propriété c'est ce que vous avez fabriqué (inventé, etc) vous même et/ou avez acquis dans un échange consenti ; donc en l'absence de contrainte.
J'en vois qui sursautent ! Les propriétaires en vendant très cher et louant cher exerceraient une violence. Non, les propriétaires font ce qu'ils veulent de leurs biens, simplement ils sont momentanément dans un système de croyance, croyance fausse j'en suis convaincu, qui leur est profitable. Et ils en profitent, tout comme dans une autre croyance fausse, les locataires et les acheteurs profitaient de prix très bas à une autre époque.
Ce n'est ni par la surréglementation (qui fait monter les prix), ni par la surtaxation (qui les fait monter aussi, les taxes quel qu'elles soient sont toujours, au final, payées par le consommateur) et encore moins par la spoliation (qui nous conduirait tous, à terme, à la dictature) que l'on va résoudre ce problème, qui dure depuis cinq ou six ans, ce qui n'est rien, absolument rien à l'échelle historique.
La solution, la seule véritable, pérenne et non attentatoire aux libertés, passe par la fin de la fausse croyance, et donc par des initiatives comme ce site. Je comprends l'impatience de ceux qui ont des difficultés, mais cette bulle, car c'en est une, tout le mode le reconnaît désormais, éclatera comme celle des tulipes hollandaises et autres croyances délirantes.
Diffusez, au maximum, l'information, et bientôt les propriétaires vous mangeront dans la main. Car les « gros » ne redoutent rien tant qu'un retournement de croyance/marché, beaucoup plus que des taxes dont ils savent fort bien qu'ils en reporteront la charge sur le consommateur final. Et les « gros » ils ont déjà vendu pour l'essentiel, vous aviez remarqué ?
Cordialement

"C’est là toute la noblesse du politique que de savoir prendre des mesures qui calment la machine lorsqu’elle s’emballe et ne profite plus au bien être de tous mais seulement à celui de quelques uns. "


La "noblesse" du politique part d'un étrange postulat : que des hommes, les "politiques" seraient supérieurs aux autres (la piétaille) et devraient ainsi prendre, en leur lieu et place, les bonnes décisions qui leur conviennent.
Outre que cette conception du monde est, en fait, un authentique racisme, elle s'avère, en pratique, terriblement contre productive.
Citez moi une initiative "politique" qui a VRAIMENT et durablement amélioré le sort de cette piétaille que nous sommes vis à vis du logement (le sujet de ce site).
Que le marché soit imparfait, nul n'en doute et certainement pas moi, mais il ne fait que refléter l'imperfection (et les délires, hélas) des hommes que nous sommes.
Bref le pire des systèmes à l'exclusion de tous les autres ....?

"Lorsqu’on a interdit le travail des enfants dans les mines, cela a été un coup dur pour l’industrie minière qui puisait sans scrupule dans cette main d’oeuvre bon marché, mais un grand pas pour la condition humaine et plus particulièrement celle des enfants.
Lorsqu’on a interdit la location de chambres de bonnes de moins de 9m2, cela a été un « coup dur » (sic) pour nombre de propriétaires qui tiraient un revenu conséquent de biens qu’ils avaient généralement hérité ou acheté une misère et louaient à prix d’or - proportionnellement, le prix du m2 dans une chambre de bonne est sans comparaison possible avec celui d’un appartement familial bourgeois - des logements étriqués et souvent proches de l’insalubrité aux franges de populations les plus précaires (jeunes, immigrés…). Cela a aussi été un grand pas dans la considération de ces mêmes populations et la reconnaissance de leur droit à un logement digne.
Il faut savoir regarder plus loin que le bout de son nez et dépasser les seuls intérêts catégoriels ou l’instant présent.
Dénigrer totalement la chose politique et son personnel, c’est faire le jeu démagogique des extrêmes et cela ne fait pas avancer le débat. Surtout si cela est constamment fait sur un ton belliqueux qui nuit à la qualité des échanges.
Je ne pense pas être une quiche et je sais me montrer critique vis-à-vis des politiques lorsque cela me semble nécessaire (j’ai d’ailleurs réagi sans équivoque au courrier de Delanoé dans cette file).
Mais prôner aveuglement le « tout marché » et mépriser tout ce qui l’environne (la politique, le droit, le social…), je trouve cela inconvenant."

Il ne me semble pas que j'utilise constamment un ton belliqueux.

Les exemples que vous citez sont assez anciens. Qu'en aurait-il été sans les interdictions que vous citez ? Nul ne peut le dire. Qu'en est-il réellement des avantages comparatifs ?
En ce qui concerne les "enfants dans la mine", vieille antienne qui date un peu désormais, je ne polémiquerai pas.
Quant aux chambres de bonnes, je ne suis pas si sûr que leur interdiction ait été aussi profitable ; où sont allé ceux qui y étaient logés ?
J'ai commencé ma vie dans un logement sans salle d'eau, dont les WC à la turque sans chasse d'eau étaient sur le palier et qui n'avait pas de chauffage (il fallait apporter son poêle !), logement qui serait interdit à la location de nos jours ; mais j'étais logé et avais un toit, depuis ma situation s'est améliorée, of course. Aurait-ce été mieux si j'avais été contraint de rester cinq ou sept ans de plus chez papa maman ?
Certaines décisions politiques peuvent paraître sympathiques, mais leurs effets indirects, qui ne se voient pas, ont souvent des conséquences très délétères. Les politiques prennent rarement des décisions pour le bien commun (au demeurant bien difficile à définir) mais plutôt pour leur intérêt électoral.
Pour ne pas aller chercher des arguments au 19ème siècle, comparons la situation du logement dans les années 70 et maintenant : Dans les années 70 où pourtant les baby-boomers arrivaient sur le marché de la décohabitation papa-maman, et ce de manière massive, il n'y avait pas de problème majeur pour trouver un toit. Trente-cinq ans de réglementation et de surfiscalisation après, voyez où nous en sommes, avec pourtant une classe d'âge bien plus modeste en nombre.
Si les « solutions » politiques avaient été bénéfiques nous devrions être au paradis, aujourd'hui ; or il n'en est rien.
À chacun de tirer les conclusion de ce qu'il observe.
Cordialement.

« L’obligation de faire un diagnostic pour les termites.
L’interdiction de l’amiante.
Le remplacement des canalisations en plomb.
La possibilité de se rétracter après un achat.

voici, un peu à la hussarde, avant de filer au lit, quelques exemples de réglementations relatives au logement qui ont, me semble-il, bénéficié à la collectivité sans bureaucratiser à outrance le système. »


Les termites : il y a besoin d'une obligation pour cela ?? L'acheteur ne peut l'exiger, ça ne lui viendrait même plus à l'idée ? Ciel, nous en sommes donc là en matière de déresponsabilisation !
L'interdiction de l'amiante ! Ah, tiens, j'avais écrit en 1973 au Préfet (c'est bien un acteur politique ça ?) pour lui signaler les dangers de cette matière, que j'étais bien placé pour connaître ; la réponse, lénifiante fut décourageante de sottise(s). Ensuite on amianta encore Jussieu. La mode était alors à l'amiante. Puis on feint d'être la solution ; menteurs et hypocrites.
Le plomb ; on va obliger à changer les canalisations de près de 20 millions de logements, pour un coût faramineux (ça ne se fera pas, sans doute d'ailleurs) ; le plomb c'est un problème très localisé, de très vieux immeubles, et quelques régions à l'eau très douce. Sinon ce n'est qu'un fantasme politique. Pour un prix inférieur je préférerais que l'on change les canalisations de gaz, on sauverait plus de vie, mais on gagnerait moins d'électeurs, alors....
Quant à la possibilité de se rétracter APRÈS un achat, là je suis ouvertement contre. On réfléchit AVANT, on prend son temps, tout son temps ; puis le contrat signé, on l'honore, c'est aussi ça la responsabilité. Ou alors la même possibilité est donnée au vendeur, vous imaginez le désordre... Tous ces désordres se retrouvent diffusés dans les prix ; tôt ou tard, soyez en sûr.
Bien cordialement.