L'ours blanc nous narrait son expérience et sa philosophie sur le forum bulle-immobilière.org . Il nous a quitté le 10 février 2007.

C'est pour lui rendre hommage que j'ai retranscrit ici ces contributions les plus intéressantes.


Gold

A propos du Nucléaire (29/11/2005)

« 50 ans de U235 (contre 10000 de U238). »


Je ne voudrais pas doucher votre enthousiasme mais de l'U235 si on se met à consommer ça pour "lutter contre l'effet de serre" on en a pas pour 50 ans mais pour vingt. Et comme la chaudière qui va avec, elle est construite (et amortie) pour 40 ans, est-ce bien raisonnable de s'équiper, cher, d'une belle chaudière de durée de vie de 40 ans quand on a du charbon que pour 20 au maximum ?
Superphénix : sympa à priori ce truc qui valorise l'U238, U238 143 fois plus abondant que le 235. MAIS :
Construit en 1977 et fermé en 1997, ce truc pendant 20 ans n'a jamais livré un seul Kwh net au réseau ; il en a consommé pas mal, par contre et coûté des fortunes au contribuable. Techniquement c'est un monstre, AUCUN pays libre n'en a admis sur son sol, seul l'URSS et le Japon (un plus petit d'ailleurs) en ont eu ; rien que cette observation devrait inciter à la réflexion...
Mais voyons :
On utilise des neutrons rapides, donc impossible d'extraire la chaleur avec de l'eau (l'eau est un modérateur à neutrons), et en plus il faut extraire une densité de chaleur extrême ; on a choisi un métal, le sodium, sodium liquide pour cela : le sodium a un potentiel d'oxydo-réduction énorme, il s'enflamme spontanément à l'air (avec jolie fumée blanche irrespirable) et explose au contact de l'eau en formant de la soude caustique et de l'hydrogène qui explose à son tour au contact d'une flamme. Les pompiers sont incapables de maîtriser un feu de sodium de plus de quelques dizaines de Kg ; or dans SuperPhénix il y en avait 5000 tonnes, en plus devenues radioactives. Le dit sodium du circuit primaire échange sa chaleur avec un circuit secondaire où circule de... l'eau ; le plombier a intérêt à être bon ... :wink: Après il y avait un circuit tertiaire et les alternateurs habituels.
En plus il y avait 5 tonnes de plutonium (6 Kg dans la bombe de Nagasaki), ce qui signifie aussi des transports de cette matière.
Cerise sur le gâteau, le réacteur fonctionnait en sous-criticité.... J'avais participé à une visite (publique) de la bête et certaines de mes questions avaient bien gêné l'ingénieur chargé de la communication.
En bref, ça faisait beaucoup de risques accumulés à proximité de la seconde agglomération de France où j'ai l'honneur de couler mes jours.
Un monstre étatique, dévoreur de fonds publics et de contribuables, qui n'a jamais fonctionné correctement (au point qu'il fut discrètement rebaptisé : au départ c'était un modèle de présérie un second devait voir le jour à Châlons sur Saône, le véritable prototype étant Phénix (qui n'a pas été fermé, lui) puis devant ses pannes à répétitions on l'a rebaptisé prototype ; avec les bons mots, on fait la bonne manipulation).
C'est donc sans déplaisir que j'ai vu cette aventure se terminer ; car en cas de pépin, Tchernobyl aurait apparu comme la gentille fête foraine au village...
Pour UNE fois que les socialo-verts font un truc utile, on va pas bouder notre plaisir. Mais, diable, pourquoi ont-il, en même temps, démantelé le programme du canal Rhin-Rhône ?
Cordialement.