« On ne peut pas non plus demander à l'école de la république de transformer la société et effacer les inégalités sociales trop criantes.
Ce n'est pas son rôle, même si elle peut tenter de les atténuer. »
Exactement !
Et ce n'est pas mon chirurgien dentiste qui vient réparer ma chaudière !
Ce n'est pas le rôle de l'école de "corriger les injustices sociales" ; encore faudrait-il définir sérieusement ce que ce charabia veut dire et quelle serait la légitimité de "corriger".
Le rôle de l'école est la transmission des savoirs. Force est de constater qu'elle faisait mieux cela du temps où elle avait l'ambition d'instruire, fut ce publiquement ce à quoi je veux bien consentir, que depuis qu'elle a le désir délirant d'éduquer et nationalement en plus, je vous prie !!!
Transmettre les savoirs, mais encore et surtout transmettre la capacité à en acquérir par soi-même, la méthode en quelque sorte ! Comme tout cela suppose des efforts, et que l'effort on aime pas tellement, il faut la contrepartie : le plaisir ; donc apprendre à apprendre et à y prendre plaisir. Lourde tâche, et bien suffisante, on laissera donc l'éducation aux parents. Lourde tâche, mais à près de 100 milliards d'euros par an, on devrait pourvoir y arriver, non ?
Cela suppose d'aller mettre de l'ordre dans les cerveaux des mioches qui n'en ont guère, d'ordre, n'en déplaise à Rousseau qui lui, prudemment, les abandonna, ses mioches.
Mettre de l'ordre, c'est un acte de fermeture, fermeture à tous les possibles du désordre, revoyez l'entropie et la thermodynamique. Fermeture, nous sommes loin de "l'épanouissement", des "groupes d'expression" et autres "ouvertures" tâches à l'exact opposé de l'enseignement.
Mettre de l'ordre suppose de la discipline ; dans une classe, il y en a un qui sait, le prof, et 28 ou 35 qui ne savent pas, s'ils savaient, ils ne seraient pas ici.
Devoir rappeler ça, et ça ne fera même pas l'unanimité, est proprement hallucinant !
Le métier d'enseignant, à la notable exception de celui de précepteur, délicieuse friandise tant les clients y sont charmants et désireux de savoir, est proprement devenu impossible. Soumis à d'improbables injonctions paradoxales, je me demande comment tous les enseignants font pour ne pas devenir fous ! Certains le deviennent d'ailleurs, et je le sais bien. Mais que, malgré tout d'autres résistent montre la force de l'humain.
J'ai suffisamment vécu pour me souvenir de ma petite enfance en blouse grise, et l'instit aussi dans sa grise blouse. L'égalité n'était pas qu'un vain mot ronflant alors. J'ai le souvenir aussi du respect, voire de la peur parfois que nous inspirait notre Maître. Et quand on prenait une gifle et qu'on avait l'imprudence d'aller le raconter au père, on s'en prenait une seconde, d'abord parce que le père pensait que le prof avait sans doute péché par excès de modestie, et ensuite pour nous apprendre à ne pas tenter la division de l'autorité. Aujourd'hui on traîne le prof devant le juge pour moins que ça. Quand le (ou la) prof ne se fait pas poignarder pour avoir osé une mauvaise note !!!
Mais je sais, sans calculette, extraire une racine carré et quelques autres choses aussi. Et, très pauvre, j'ai eu la possibilité, ce n'était qu'une possibilité, d'ailleurs, à chacun de la saisir ou pas, de ne pas le rester complètement. Et tout libéral que je suis, j'en remercie l'école, la vraie !
La transmission des savoirs, ce n'était pas l'égalité assurée ce qui est d'ailleurs et absurde et contre-productif, mais l'outil ! Outil qui te permettait d'aller prendre l'ascenseur social, ou pour utiliser une parabole plus modestement réaliste d'aller grimper à l'escalier social. Pour ceux qui feraient l'effort d'en monter les marches, et uniquement pour eux, d'ailleurs. Ce qui, au passage, était aussi une pédagogie !
Aujourd'hui congélateur social pour tout le monde !! Et congélateur à - 273°C, 0°K !
Surtout que personne ne bouge, c'est un hold-up !
Un hold-up avec joli syndrome de Stockholm, les braqués qui sympathisent avec les braqueurs contre ceux qui tentent vainement de les sauver !
Courage,
Pajala
