L'ours blanc nous narrait son expérience et sa philosophie sur le forum bulle-immobilière.org . Il nous a quitté le 10 février 2007.

C'est pour lui rendre hommage que j'ai retranscrit ici ces contributions les plus intéressantes.


Gold

Hausse des taux: l'inflation ennemi public N°1 des banques centrales (AFP, 01/08/2006)

« Et si l'inflation repart dard dard, qui payera l'addition des prêts a taux fixes consentis à des niveaux très bas ? »


Ceux qui ont prêté à ces taux très bas !!
Les banques se protègent, en effet, entre autres sur les marchés dérivés. Il y a donc les acteurs de ces marchés dont certains seront perdants (les acteurs ce peut être aussi des épargnants qui placent leurs sous dans des trucs sans trop savoir ce qu'il y a derrière), tous les détenteurs d'obligations, et ça fait du monde, seront aussi perdants.

L'inflation est un mensonge sur les contrats ! Comme tout mensonge, dont les drogues au sens large, il crée une douce ivresse. À très petite dose, comme l'ivresse classique, ça peut même aider.
Le problème est que cette ivresse n'est pas dû à l'inflation elle même mais à son augmentation, sa dérivée, en quelque sorte. Si tu vis dans un monde avec une inflation régulière à 30 % où tout ou presque est indexé, ça fait comme si il n'y avait pas d'inflation (sauf sur les échanges extérieurs). Demandez aux Islandais des années 70... ! (Et c'était pas 30 % !!)
Comme la drogue, il faut alors augmenter la dose, et la dose c'est au final ce qui fait le poison comme le dirait Claude Bernard.
Passer de 2 à 4 %, ferait pas mal de bien à beaucoup, et je n'y verrais même pas d'inconvénient. Mais une fois à 4 %, on fait quoi ? Si tout est indexé sur 4 %, ça fait plus rien. Alors on reprend un petit verre et on arrive à 5, puis 7, 10, 25 ; et là commence autre chose : l'inflation qui se nourrissait de l'augmentation de la masse monétaire commence à se nourrir de l'augmentation de la vitesse de circulation de la monnaie, car les agents se débarrassent alors au plus vite de cette monnaie qui fond : c'est l'entrée en hyperinflation, dont le plus bel exemple fut donné par l'Allemagne de Weimar ; le prix du repas au restaurant était multiplié entre l'apéro et le dessert ; ceux qui mangeaient vite étaient avantagés !
La vraie question est là : comme pour l'alcool, si tu es sûr de prendre tes trois verres de Whisky par semaine et de ne jamais en prendre un quatrième, why not, mais les trois verres ne te font alors plus rien. Sinon.... Quod dubitas, ne feceris.
Voilà pourquoi (entre autres) il vaut mieux être vigilant avec cette chose. Surtout que la cure de désintoxication, entendez de désinflation, est longue et douloureuse, comme plusieurs épisodes de l'histoire nous le montrent, le choc de 1983 et la suite en France nous le rappelle.

Bien cordialement,
Pajala