L'ours blanc nous narrait son expérience et sa philosophie sur le forum bulle-immobilière.org . Il nous a quitté le 10 février 2007.

C'est pour lui rendre hommage que j'ai retranscrit ici ces contributions les plus intéressantes.


Gold

Placement (01/09/06)

Ce qui (vous) est difficile, c'est de raisonner in-di-vi-du-elle-ment !
Le grégarisme, l'influence des autres (et leur regard) incitent au panurgisme, c'est là une force très puissante et très commune (la preuve : les bulles) et il faut une solide personnalité pour arriver à s'en écarter.
L'éducation que l'on reçoit ne nous y aide pas, par contre un bon sens à la paysanne nous apporterait de solides indications et informations.

Quand une baraque ordinaire, dans un quartier qui l'est aussi, se paie 48 ans de Smic (vu ici, mais chais plus où) tu peux faire le raisonnement suivant : une telle masure se met debout avec trois potes en un an. Donc quatre ans de travail ; manque 44 ans ! Où sont-ils : dans le foncier ! Ce foncier là est-il si rare (exceptionnellement bien placé) que ça "vaille" tant ? La réponse est manifestement non (c'est pas le quai d'Orléans) ; de plus une vie de travail pour simplement ce loger est tenable ? La réponse est manifestement non !
Il s'agit là d'un raisonnement très grossier, mais ça donne une idée des ordres de grandeurs.
Donc problème. Donc j'achète pas, et peu importe ce que font les autres.

Pendant la bulle Internet je me souviens d'une valeur que je suivais, un truc sérieux (qui existe toujours) pas un machin .com bidon.
La valeur avait un PER de 88 ! 88 de PER, en prenant une valeur raisonnable de DR de 12 voire 13, ça suppose un taux de croissance de 50 %/an. Ce qu'effectivement la société en question faisait alors. Mais ça supposait aussi que ces 50 % se poursuivent pendant 12 ans, sinon c'est incohérent. Or les marges étaient déjà bonnes, la part de marché excellente, la croissance ne pouvait se faire, pratiquement, que par augmentation du marché (qui était un marché neuf certes) ; j'avais rapidement calculé que 50 % pendant 12 ans ça faisait une multiplication par 130, impossible de fourguer 130 fois de plus sur le marché mondial. J'ai donc conclu à une anomalie et ai vendu.
Je me suis fait foutre de ma gueule par tous, en pleine euphorie boursière vendre de si beaux titres, il est fou le Pajala. D'autant qu'après avoir vendu, le titre a encore monté de 20 % ! Puis...., s'est crashé (avec les autres) de 86 % ! Il a remonté depuis, mais ne vaut que 30 % de ce que je l'ai vendu.

Avec des outils très simples, on arrive à pas mal de choses ! Certes détecter le moment exact d'un retournement de marché est impossible, ceux qui y sont parvenus ont eu tout simplement de la chance (et certains s'en vantent grotesquement).
Et personne ne s'est appauvri en vendant un peu trop tôt.
Ce qui est, psychologiquement, difficile est de prendre le contre pied des mouvements collectifs.
J'ai de la chance, pour moi, prendre le contre pied du collectif est une véritable joie !
Bien à vous tous,
Pajala

« Arriver à développer des pensées tranversales n'est pas forcément signe d'une forte personnalité !!
Dans ce cas, aller systématiquement "contre" serait un signe de bonne santé, alors qu'il peut (et c'est souvent le cas) prendre son origine d'une bonne petite névrose ....
Une pensée transversale, elle, sera le fruit d'une réflexion et d'un choix, fut-il dans le sens du courant moutonnier...
Sinon, pour le reste, je suis d'accord avec toi .... »

Bien sûr, il ne suffit pas de prendre le contre pied de ce qui se fait pour être "productif" ! Vous avez bien compris ce que je voulais dire... :wink:

Freud disait : "la névrose, c'est quand quelqu'un d'intelligent fait quelque chose de bête"!
On pourrait même aller très loin et dire que (sauf oligophrènes) il n'y a pas de cons, que des névrosés. (Confidence : j'y souscrirais assez...)
Lacan, à qui un patient reprochait le prix faramineux de ses séances (parfois de trois minutes !) lui avait répondu : "la connerie, ça n'a pas de prix" !
J'espère que chacun voit le rapport avec l'immo ! J'espère... :wink: :lol:

Bien cordialement à vous,
Pajala