L'ours blanc nous narrait son expérience et sa philosophie sur le forum bulle-immobilière.org . Il nous a quitté le 10 février 2007.

C'est pour lui rendre hommage que j'ai retranscrit ici ces contributions les plus intéressantes.


Gold

Suisse trop petite comparé à la France (02/11/2006)

« La Suisse, c'est bien, mais pas le bon exemple pour la France: pays trop petit, et qui doit sa prospérité à une stratégie de niche de longue date qui a attiré tous les capitaux du monde et par la suite permis de développer d'autres industries. La comparaison ne tient pas la route, si l'on ne prend pas en compte tous les paramètres. On pourrait dire la même chose du Luxembourg, qui est minuscule.
La Suisse doit sa prospérité à l'existence de ses trois grands voisins en particuliers (Allemagne, France, Italie), ayant servi de refuge à leurs ressortissants. »

Prenons les arguments un à un :
- La taille ! D'abord ça apporte plutôt, philosophiquement, de l'eau à mon moulin si l'on prétend (ce qui n'est pas faux, d'ailleurs) qu'un petit pays s'en sort mieux qu'un grand. Pour un libéral qui préfère les tous petits pays, ça va dans le bon sens, puisque le pays idéal du libéral c'est l'individu et son gouvernement son propre cerveau. Bon !
Mais pourquoi alors ne pas faire dix régions en France, elles auraient la taille de la Suisse et ça nous ferait dix Suisse efficaces. Si ça ne tient qu'à cela, une réforme (aïe) administrative, dix régions au lieu de 22 (certains y pensent au demeurant) une large autonomie, et hop !
- La prospérité due aux voisins. D'abord cet argument ne brille pas par son originalité, les capitaux qui seraient allés se réfugier en Helvétie et y auraient bâti son industrie, c'est l'antienne banale de ceux qui veulent s'abstenir de réfléchir, et de ceux qui se la jouent "mécanisme projectif" si les autres réussissent et que moi j'échoue c'est que les autres y sont tout méchants et ont triché ; l'hypothèse que ce soit moi qui me trompe ne sera pas examinée. Na !
Car l'industrie suisse ne date pas de son industrie financière. Les Suisses étaient déjà gens appliqués et méticuleux (climat de montagne, protestantisme [dont une cause était le climat de montagne, d'ailleurs]) bien avant les machins des banques, le secret bancaire date, à ce qu'on m'a dit, de la guerre afin de protéger les avoirs des Juifs.
Des pans entiers de l'industrie suisse proviennent, non de l'argent mis dans les banques, mais de sa situation géographique et climatique : ce n'est pas pour rien que les Helvètes sont leaders mondiaux sur le marché des boogies à crémaillères (quatre systèmes : le Strub, le Riggenbach, l'ABT et le fameux Locher qui n'existe qu'au Pilatus), de l'horlogerie, de la mécanique de précision, etc....
Mais la Suisse tire aussi avantage des conneries de ses voisins, en effet. Et alors ? Vous passez un concours, les autres sont tout cons, ça facilite votre réussite ; vous allez vous plaindre ensuite d'avoir eu des adversaires trop faibles ???
Je veux bien qu'à la rigueur on dise qu'à vaincre sans péril on triomphe sans gloire, comme les Helvètes c'est pas la gloire qu'ils recherchent, ça tombe bien.
Non, le pays est pas trop mal géré. Voilà !
Mais ce qui frappe, c'est de regarder ça, et j'aime bien, aussi avec un oeil de psy. Ce pays est bien moins névrosé que le nôtre, collectivement parlant. Ça se repère dans grand nombre de détails qui me sautent aux yeux, la façon de conduire par exemple, de laisser passer les piétons au lieu de leur foncer aggresivement dessus, de ne pas klaxonner derrière le camion de livraison, la propreté dans les lieux publics, la politesse, ah la politesse, la façon dont les vendeurs s'occupent du client, ils cherchent à résoudre (et à tout prix) votre problème et pas le leur (!), la gentillesse au quotidien (ça m'a frappé ça, notamment à Berne ; je me suis demandé si j'étais pas tombé au pays des bisounours, je vais pas vous raconter en détail, mais leur gentillesse est parfois hallucinante).
Et bien tout ça, ça participe à la prospérité, voyez-vous !
L'attitude française, n'est qu'une attitude de cancre mauvais joueur, qui ne veut pas reconnaître ses erreurs, son incompétence, sa crasseuse ignorance.
Volià la France qui n'a donc, aucune chance de s'en sortir ! Et qui ira, donc encore, là où je craignais qu'elle aille, vers la guerre civile.
Et qui y est déjà, on me l'a même dit "vous avez fuit les troubles civils, on est plus tranquille ici". Car quand on brûle systématiquement chaque nuit, quand on brûle même des êtres humains, quand des bandes rivales se tirent dessus à balles réelles, quand la presse hurle comme une hystérique décompensée, qu'est ce d'autre que la guerre civile en marche !
Je suis en Suisse à mi-temps, j'attendais encore un peu pur voir avant de prendre les décisions les plus lourdes, vente de l'immo par ex, et bien je vois !
Je suis bien forcé de voir ! Et j'ajouterais avec sincérité : hélas !

Bien cordialement,
Pajala