L'ours blanc nous narrait son expérience et sa philosophie sur le forum bulle-immobilière.org . Il nous a quitté le 10 février 2007.

C'est pour lui rendre hommage que j'ai retranscrit ici ces contributions les plus intéressantes.


Gold

Dette publique : 125% du PIB (Boursorama, 24/01/2006)

«
« Et il montre surtout que le niveau de prélèvements et la part du service de la dette dans le budget de l'Etat sont avant tout des choix politiques (ou même idéologiques) plutôt qu'économiques.
Quant au fait d'agglutiner la dette de l'Etat avec le déficit des régimes de retraites, c'est n'importe quoi. Ca équivaut à mélanger des choux avec des carottes.... »

En répondant à la question, tu constateras que les choux et les carottes sont bel en bien dans le même panier pour une excellente raison.

La France d'aujourd'hui s'endette pour financer des besoins de fonctionnement et pas des investissements durables. »

Bien sûr ! Ce sont des engagements !
Sauf à considérer que les retraites et autres des fonctionnaires ne seraient, puisqu'il n'y a pas contrat, que des engagements politiques, des promesses du même nom, qui n'engagent, comme chacun le sait désormais, que ceux qui les écoutent.... :lol: :lol: :lol:

« je te pose une question qui me taraude depuis longtemps : Tu dis que le prêteur ne veut que voir ses intérêts, qu'il ne s'intéresse pas au capital. Tu peux développer, je ne comprends pas ? »


Les gens qui investissent dans des produits taux (genre obligation) ne le font pas pour être remboursé mais pour percevoir un revenu.
Certes il y a, de temps à autre un individu qui souhaite récupérer sa mise, mais pour l'ensemble, les marchés, personne ne se soucie du remboursement. La preuve lorsque les titres obligataires arrivent à échéance, le montant des remboursements est immédiatement replacé.
Comme, en plus, les états sont, à priori immortels, la question du remboursement du capital de la dette ne se pose pas.
Les intérêts, le service de la dette, par contre est un sujet autrement sensible ! Veulent bien prêter leurs sous mais veulent voir les intérêts et sont très chatouilleux sur cette question, les prêteurs. Lorsqu'ils reniflent une odeur d'intérêts pas versés ou même versés en retard, même une odeur légère, se font tirer l'oreille, les prêteurs. Et un prêteur à l'oreille tirée est un prêteur qui prête plus cher ; voire qui ne prête plus du tout si il prend vraiment peur.
C'est ce scénario qui nous pend au nez en France, si on continue ; ça se traduirait pour l'état et les services associés par l'impossibilité d'assurer leur engagements. Déjà aujourd'hui les hôpitaux paient leurs fournisseurs avec beaucoup de retard. Demain la paie des infirmières avec deux mois de retard ? Puis trois, quatre ?
Cordialement,
Pajala

« Il y avait ce week-end une tribune intéressante dans Le Monde (édition papier), signée par plusieurs socialistes qui mettaient en exergue le fait que toute dette avait des créanciers qui étaient les grands gagnants de l’affaire. Et qui sont ces créanciers ? Les plus grands pourfendeurs de la dette ! Aussi paradoxal que cela puisse paraître, beaucoup ont un intérêt dans la dette qui devrait enrichir des générations entières, tellement les montants sont élevés. D’où une inégalité supplémentaire pour les générations futures, partagées entre les personnes qui devront rembourser l’ardoise et celles qui hériteront de ses intérêts. Je résume mal et dans le désordre cette tribune mais elle était rondement bien ficelée. »


En 1981, il y avait bien peu de dette.
Puisque vous en parlez, il n'est pas inutile de rappeler que le gros de l'endettement à commencé là, et s'est ensuite poursuivi, les esprits s'étant habitués aux "bienfaits" d'icelle !
À quoi aboutit-on ? :
Les prêteurs, étant par nature des gens plutôt aisés (mais pas les plus intelligents par contre, il y a beaucoup mieux à faire de son argent) ce sont eux qui reçoivent les intérêts. Et qui paient les intérêts ? Ben, tous, même (un peu) le RMIste qui achète sa baguette avec TVA !
Une machine à faire payer le peuple pour enrichir les déjà plus riches, vous appelez ça comment, vous ?
Et bien ce sont avant tout ceux "qui aiment le peuple" qui l'ont mise en route cette machine, et depuis scrupuleusement graissée !
Amusant, non ?
Ceux qui critiquent la dette sont les lucides qui commencent à prendre peur. Peut être aussi certains qui en ont des titres de dettes ; mais ça change quoi cette information !
L'essentiel est qu'on a bien rigolé au château. Se foutre de la gueule du peuple en lui disant qu'on est là pour son bien, tout en se bâfrant de caviar est un plaisir de fin gourmet ! C'est pas donné à tout le monde...
Bien cordialement,
Pajala

Autrefois, avant 1974 la politique budgétaire était maîtrisée ; ça veut dire que les types, ils pilotaient, faisaient de la politique et non de la démagogie, étaient donc des hommes politiques et non des démagogues.
Giscard a commencé à laisser filer. Il a des excuses, les autres qui mettaient la pression, la crise du pétrole, les vrais faux dollars que l'oncle Sam avait inondé la planète avec (pour payer la guerre du Vietnam), donc on a commencé à mentir (et du coup, on a, aussi commencé à avoir du chômage), et comme j'aime à le dire les déficits ne sont que la traduction comptable du mensonge !
Ensuite, ceux de 1981 en ont fait un dogme bienfaiteur, des déficits. La dette a quasiment triplé (en pourcentage, plus encore en volume) durant leur règne !
Ensuite, ben ça continue, puisque l'esprit avec lequel est mené le pays ne change pas, seuls quelques comédiens sont remplacés.
Donc on a renoncé à maîtriser la bestiole, qui du coup, mal élevée fait ce qu'elle veut : plus exactement ne dépend que des facteurs exogènes ; un peu plus de croissance, un peu moins d'accroissement d'endettement, croissance qui faiblit => endettement qui explose avec les déficits.
Balladur n'a eu qu'à enfiler les bottes bien cirées de "la progression du ratio d'endettement brut très dynamique" commencée en 1991 (en fait, en 1981 et moralement dès 1974) quant à Juppé je ne me laisserais pas à exprimer ce que j'en pense ici, voulant garder le ton de courtoisie auquel je tiens.
La seule période où l'on a tenté de reprendre la main, bien timidement, fut 1986-1988 ce qui se traduit dans les chiffres :

« - entre 1987 et 1991, la progression de ce ratio est beaucoup plus modérée et ne s'élève en moyenne qu'à 0,5 point de PIB par an ; »

les effets réels ayant toujours un peu de retard, l'inertie, par rapport aux décisions.
Si je ne peux pas laisser lire et croire qu'avant Balladur tout allait bien et qu'il serait, lui seul ou presque à l'origine du grand jeu, je me moque pas mal de la couleur politique ou partisane des participants.
Je note qu'on ment au peuple depuis 1974, soit 32 ans maintenant, et que le peuple y prend plaisir et que cette constatation ne me dit rien qui vaille.
Historiquement ça se termine souvent pas très bien. J'espère simplement que le "pas très bien" ne sera pas dans la sang. Parce que c'est nettement moins drôle qu'on le croit.
Bien cordialement,

« Vous qui citez la date de 1974, moi la première chose qui me vient à l'esprit, c'est la crise pétrolière et le début du chômage de masse.
Qui dit chômage, dit moins de rentrées fiscales et donc moins de budget... Je sais pas si j'ai juste, auxquels cas il faut me corriger »


Il y avait eu la guerre du Vietnam. Ça coûte cher ces jeux ! Notre Oncle Sam avait donc, pour payer, imprimé pas mal de dollars, c'est pratique quand on est propriétaire de l'imprimerie.
Du coup, les accords de Bretton Woods ont dû être abrogés par Nixon en 1971. Fin de la convertibilité du dollars en or, à 35 dollars l'once d'or, qui n'était plus tenable compte tenu des tonnes de dollars nouvellement imprimés.
On avait alors les paramètres qui allaient rendre possible la bulle généralisée qui a suivi ; un truc politique, guerre ratée au moyen orient, et que je te triple le prix du pétrole (ce qui, sans le préalable de l'augmentation de la masse monétaire en dollars n'aurait pas été possible : il n'y aurait plus eu d'acheteurs !).
Ensuite cavalcade ! Plus, manque de chance, fin de cycle de l'industrie traditionnelle, automobile etc, le chômage pouvait désormais prospérer. Dans les années 74-75 le chômage de "masse" c'était 500 000 personnes ; ça laisse rêveur aujourd'hui, non ? Le vrai chômage de masse, structurel a commencé vers 1983.
Le problème de 1974, c'est qu'on a commencé à mentir, à raconter aux gens, tout contents de le croire, qu'on pouvait durablement dépenser plus qu'on ne gagne, consommer ce qu'on avait pas produit, régler l'addition à coup de dévaluations régulièrement périodiques, etc !
C'est pas parce que les USA avaient fait une vilenie qu'on était obligé de marcher dedans ! À cette époque, les Suisses ont fait le choix exactement inverse : celui de la vérité rigoureuse ; résultat tout le monde voulu du Franc éponyme, à tel point que vers 1975-1976 les taux des placements liquides en Suisse étaient négatifs !. Cette saine gestion a assuré la prospérité du peuple suisse jusque vers le début des années 1990.
Ensuite, en France, mensonge = chômage (inexistant en Suisse alors, pourtant soumise aux mêmes dérèglements internationaux, et faible en Allemagne), chômage = déficits, déficits = tentation de démagogie puis démagogie, etc, etc. Nous y sommes encore, et nous y sommes quasiment les seuls désormais dans ce paradigme infernal.
Et que mon véritable souci, le seul intérêt de la pédagogie que je commets maintenant régulièrement ici, est qu'on en sorte sans guerre civile !

P.S : c'est aussi à partir de 1974 que les prix de l'immobilier ont commencé à monter. Avant, c'était un bien d'équipement pour se loger.
Pour donner une idée, mon tout premier logement, spartiate question confort, mais quartier sympa (aujourd'hui bobo prétentiard) centre de Lyon, 52m2 pour 35000 Francs, 5335 euros, tout l'appart pas le m2, ça vous dit ?!! (Revendu il y a pas mal de temps, et pas très cher d'ailleurs. Faire du fric sur les tas de pierre que les gens se logent dedans c'est pas mon truc.)
Quand je vous dis que le mensonge.....

Bien cordialement,